"J'ai fait un rêve, comme disait l'autre
(Ndlr: un certain Martin Luther King Junior), étrange et pénétrant. (...) J'ai revé d'un monde bizarre. Un monde "ouske" la proportion bagnole/bécane serait inversé, ouske les gens auraient enfin pigé que transporter de l'air dans une foutue caisse à 4 roues, ça sert à rien puisque l'air se déplace très bien tout seul. un monde ouske remonter entre les files de motos en auto serait interdit et où même la police aimerait la moto. Un monde ou
Auto-moto s'appellerait
Moto-auto et où les très chiants Grands-Prix de F1 feraient des sujets d'une minute trente, loin derrière les retransmissions intégrales de passionnants MotoGP. Et Voxan serait champion du monde des rallyes!
Faut voir que l'absolue nécéssité d'utiliser une voiture est finalement très limitée. A part les ambulances et les corbillards. Et encore, pour les pompes funèbres, un side ferait très bien l'affaire. Une caisse en bois bien profilée attelée à un Hayabusa, une dernière pointe à 300 km/h avant d'aller coucher Pépé, une paire de virolos bien sentis pour finir de le caler dans la boîte et zou, au trou!
Imagine, the World of magic Planet... Plus d'embouteillages, tout le monde à l'heure à son rendez-vous, un taux de pollution divisé par cinq, un taux d'accidentologie divisé par douze: t'as déjà vu des motos se rentrer dedans (excepté au Grand-prix d'Espagne, mais là ils l'avaient bien cherché)? Les ministres en GoldWing de fonction avec ou sans chauffeur, et même le maire de Paris roulerait avec un scoot' débridé jusqu'au trognon. Des limitations de vitesse raisonnables, disons 220 km/h sur autoroute et 25 km/h devant la sortie des écoles. Plus de camions, tout ça sur le train et le reste des livraisons en triporteur de 1200 cm³. Et pis des constructeurs de bécanes, plein de constructeurs, même en Europe. Même en France, tiens, avec des gammes pour toutes les bourses et pas que de l'élitiste. Les fabricants de combardes de pluie feraient fortune, y'aurait des magasins de bécanes tout les cent mètres, tu pourrais faire le plein de ta meule sans que le gérant de la station-service te zyeute au travers du visuer de sa kalachnikov. (...) On te laisserait entrer au supermarket avec le casque à la main, les hôteliers seraient contents de te voir arriver en t'ouvrant le garage, les fabricants de sièges auto se lanceraient dans la production d'équipements pour enfants. Les assureurs refuseraient d'assurer les automobilistes à cause que c'est quand même cette minorité sale et hirsute qui fout le plus souvent les motos par terre. Finies les casses autos et leurs milliards d'épaves,
adios les parkings de 5 hectares avec 3 emplacements moto, alors que faut 10 fois moins d'espace pour parquer des trapanelles.
Exit la dictature du gasoil et sa traître traînée sur les ronds-points. (...) Terminées les heures à tourner désespérément en rond pour te garer en centre-ville. C'est comme qui dirait l'envers de toute l'histoire de la minorité marginalisée, voire une espèce de sorte de paradigme esthétique alternatifs de grosses vilaines contraintes d'une économie mondiale de marché, un truc à te broyer les envies comme les cahouètes qui te fait te demander si ce serait mieux si c'était vrai...
Bon, ben c'est pas tout cà, à un moment faut se réveiller, emmener ls enfants à l'école et tout le toutim. J'ai sorti la familiale du garage, un break Précision, deux places en tandem, attelé au Guzzi, qui tourne comme une horloge comtoise depuis dix ans qu'on se connaît. Un gosse devant, l'autre derrière, vérifier que les casques sont attachés, les cols boutonnés jusqu'en haut, les moufles et l'écharpe. Et c'est parti pour le slalom entre les poêles à mazout DCI-HDI sur la 4 voies, 110-120 tranquille, jusqu'au rond-point, là-bas, çui qui glisse encore un peu. C'est que ça tient longtemps, cette saloperie de gasoil! En roulant, je regarde les gosses à côté
, pas besoin de causer, le motard qui roule n'est pas bavard. Sourires et vent sur la quiche, on roule dans le paysage, pas dans une boite en plastoc vitrée. Et pis, tu verrais la tronche de leurs potes quand on s'arrête devant l'école..."
Dédé du gazzz - Mail
Courrier des lecteurs, Moto Revue du 27 Avril 2006
Ce texte m'a beaucoup touché, alors je vous le fait partager.