Sonic Youth - Columbiahalle [Berlin], 22/10/2009Retour à la Columbiahalle ce soir pour les revenants noisy Sonic Youth (je vous rassure, il existe d'autres salles à Berlin, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai moins la flemme de faire un compte-rendu quand je rentre de celle-là...
), le décor a peu changé depuis février, même le froid et le vent sont de retour. Les papys (et mamy) pré-grunge ont les honneurs de la plus grande des deux salles, ce qui me donne l'occasion de passer devant la petite, sur les marches de laquelle un public de jeunes métalleux fume un dernier clope (
) et écluse une dernière bière moins chère que les tarifs rédhibitoires de la salle (4€ la pinte, rendez-vous compte...); c'est pas là que je me rends, mais le spectacle a l'air au rendez-vous: même depuis la rue, on entend que ça tabasse velu. Visiblement, Dying Foetus n'a pas fait le déplacement pour rien...
150 m plus loin, changement de style et hausse soudaine de la moyenne d'âge (même si c'est moins marqué que ce à quoi je m'attendais), passage sans encombre du contrôle billet/fouille, on n'est pas chez les zazous d'à-côté... Il est 20h05, le concert était annoncé à 20h et la première partie a déjà commencé son set, ponctualité teutonne oblige. Je ne sais pas qui c'est, c'est annoncé nulle part. Il l'a sûrement dit avant le début du set, mais je n'étais pas là, suivez un peu... Donc ça sera juste un gusse avec une mèche ridicule qui triture des boutons d'effets typés analog. Scéniquement aucun intérêt, mais il envoie des infra-basses qui chatouillent, des suraigüs qui font qu'on est content d'avoir pensé aux bouchons d'oreilles et des "boing" rigolos. Un gentil petit tour de chauffe somme toute.
Après le pensum du changement de scène (près de 3/4 d'heure...), les Sonic Youth débarquent au grand complet, les hommes en d'indéfinissables tenues de camouflage indie jean/chemise pas repassée qui déborde du fut', la toujours fortement oestrogénisée Kim Gordon en mini-robe lamée et collants noirs. Du classique, donc. Et c'est parti pour près d'1h30 de fuzz, de flange, de larsens, de violoning, de Sonic Youth quoi. Le groupe joue dans la configuration qu'il a adoptée depuis 2006, avec Mark Ibold (ex-Pavement) à la basse, désormais membre à part entière du groupe, et les 4 piliers: S. Shelley, sec et lourd sur ses fûts, et le trio de guitares/chanteurs K. Gordon, L. Ranaldo et T. Moore, reconfiguré par moments en 1-2-2, avec K. Gordon qui reprend sa basse, laquelle joue alors en doublon de celle de M. Ibold. Niveau instrus, c'est du classique de chez Sonic Youth: si M. Ibold reste tout du long fidèle à sa Precision, les 3 gratteux s'offrent un festival de Jaguar, Mustang, Jagstang et autres Fender bizarroïdes, complétées par quelques excentricités de la part de Ranaldo (une strato, comble de l'exotisme en pareil contexte, une LPDC-like Kramer avec la tête moche comme la basse à Khwadj et une ES-335 à Bigsby Epiphone), plus un passage à l'acoustique (Martin, what else) pour Moore en fin de set. Quand elle repasse sur la basse, Gordon troque sa Jaguar pour une EB0 à trois micros qui envoie bien le pâté, faut avouer...
Que dire d'un set de Sonic Youth? C'est du Sonic Youth, pas de grosse surprise à attendre au bout de 30 ans, le son tourne, les trois de devant prennent le chant à tour de rôle, et ça joue fort, très fort, business as usual... Peut-être même que pas assez de surprise en fait, le début de set est assez poussif, le trio de guitares n'emporte pas vraiment l'auditoire, et ils déroulent un peu comme s'ils connaissaient tout ça trop bien. Les chansons du nouvel album me sont inconnues, mais bon, honnêtement, vous arrivez à les distinguer les unes des autres, les nouvelles chansons de Sonic Youth, vous? Il faut attendre le premier passage à 2 basses, avec un retour aux classiques et un Trilogy endiablé et putassier à souhait pour que la sauce commence vraiment à monter. Faut dire, 2 stacks Ampeg qui balancent la purée à fond les manettes, c'est basique, mais ça marche pas mal en général... Sur le morceau d'après, K. Gordon y laisse une partie de ses cordes vocales, et la fin du set sera pour elle assez tendue au niveau vocal (pas juste qu'elle chante faux, ça on a l'habitude, mais visiblement elle est à la limite... ) Ça retombe un peu, puis repart à l'occasion d'un nouveau duo de basses, et ça monte progressivement en intensité; on les sent plus impliqués, contents d'être là, et ça se communique à l'auditoire. La fin du set, avec Moore en acoustique, est d'une intensité rare, et ils méritent largement leurs rappels. Il y'en aura deux, essentiellement joués à 2 basses, avec des morceaux tout en puissance (dont un Silver Rocket de bouchers en clôture du premier rappel qui laisse la salle en transe). Au final, un concert qui a eu un peu de mal à s'installer, mais qui se termine en apothéose, c'est ça aussi le métier.
À la sortie, il caille toujours, et je me demande combien de dB j'ai encore laissé en route à avoir viré mes bouchons d'oreilles dès le 3e morceau... Je sors au milieu d'une nuée de cinquantenaires en quête d'un métro et repasse devant la petite salle, les jeunes sont tous au chaud en train de se rentrer dans le lard et seuls les vigiles se les gèlent sur le perron. Depuis la rue, on entend que ça tabasse encore, plus fort si c'est possible... Pis ça beugle aussi. Visiblement, Cannibal Corpse fait le métier.... Et moi, j'aime bien cette ville
POST-BLOGUM:
Je rajoute une vidéo de
Malibu Gas Station filmée ce même soir par un membre de l'auditoire (not my job
) et postée sur le Tube. On y voit à Jardin L. Ranalado et M. Ibold, au centre et au chant, K. Gordon, avec S. Shelley derrière sur ses fûts, et T. Moore à Cour. Enjoy
c PPB: cherchez "Sonic Youth Columbiahalle 2009" sur TonTube, ça a filmé sévère, même si le son est pourri. Et moi pendant ce temps-là je fais des compte-rendu écrits...
O tempora, O mores...