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Blog de nestor

Avis de gros temps

Publié par le
2081 Hits
03/11/2009
The Dead Weather, Astra Kulturhaus, 02.11.2009

Berlin a décidé de se mettre au diapason toute la journée pour accueillir ce 'super-groupe' indie-rock en se terrant dans un temps de chien à base de trombes d'eau glacées qui vous rappellent négligemment qu'ici, c'est déjà l'Europe de l'Est. Il me faut donc braver les éléments déchaînés et traverser, aller comme retour, le Görlitzer Park, qui de nuit et sans éclairage profite lâchement de la pluie pour se transformer en version prussienne du bayou (sans les crocos, qui ne sont pas tarés au point de patauger dans des mares boueuses à 3°C, à la différence de mes bottes neuves qui semblent dotées d'un instinct de conservation beaucoup moins efficace...) — direction une salle récemment ouverte dans ce qui devait être il y'a encore peu un squat (Berlin fout le camp, Mensch), au cœur du quartier branchouille de Friedrichshain, sorte de réserve naturelle berlinoise de petites pépées à frange et jean slim et de jeunes gens... euh, ben, pareil en fait. Et force est de constater qu'ils sont venus en masse ce soir pour admirer les éructations d'Alison Mosshart (the Kills), poussée aux fesses par Jack White des White Stripes, qui pour le coup a piqué les fûts de sa sœur/épouse (qui ne participe pas au projet), Jack Lawrence (The Raconteurs, sorte de Garth de Wayne's World qui se prendrait pour DeeDee Ramone) à la basse et Dean Fertita (du line-up actuel des QOTSA) au guitare et clapiers, comme on disait dans ma jeunesse.

Côté matos c'est de l'éprouvé: du Fender pour les grattes, de l'Ampeg pour la basse, roulez jeunesse... Côté guitares, on fait dans l'unitaire, à défaut de faire dans le sobre: que du Gretsch, des White Falcon Bass et Guitar pour Lawrence et Fertita, une G6138 (le rectangle de Bo Diddley) empoignée à l'occasion par A. Mosshart et une G6199 (la "Billy-Bo" Jupiter Thunderbird de Gibbons et encore Diddley) pour de rares moments guitaristiques de White — ces deux dernières customisées en blanc et or pour être raccord avec les WF des copains, le style c'est important. Et de fait, de style, ils n'en manquent pas: après une première partie (Creature With The Atom Brain) anecdotique mais efficace (entendre: ils jouaient assez fort et le bassiste avait un bon gros son de porc sur sa Precision), le quator débarque, sorte de parodie de la hype camée, 4 chevelures noires plus ou moins douteuses (la dame s'en tirant avec les honneurs à ce jeu-là), 4 silhouettes en cuir et t-shirt noirs, blafardes et amincies comme pour indiquer que les 3 repas par jour ne sont pas nécessairement la préoccupation première du groupe. On est dans le connu, voire dans le cliché. Mais bon, avouons que c'est efficace.

Je découvre le répertoire en même temps que le set, les compos ne sont dans leur grande majorité pas folichonnes, mais en live elles passent bien, d'autant que la frontwoman assure le spectacle devant: si ça n'est pas, et de loin, la meilleure vocaliste sur le marché, elle assume crânement sont statut de peste rock'n'roll, grimpant sur les retours pour un simulacre de pole-dance autour du pied de micro (la dame n'est pas à proprement parler une géante, alors ça marche plutôt pas mal), crachant par terre, fumant sur scène et insultant la terre entière. Comme on la joue à l'ancienne, pas de sans-fil, tout le monde, chanteuse compris, est au jack à rallonge, Mosshart trimballant le sien de part et d'autres de la scène en le coinçant partout, ce qui lui vaut de donner de grands coups rageurs au jack pour essayer de le décoincer – et là, on se dit que c'est quand même bien foutu, une prise xlr. Elle se débarasse aussi de son pied de micro en le balançant au petit bonheur, et tant pis pour Fertita qui le prendra en plein manche pendant un morceau. Elle terminera son show en essayant de pourrir J. White pendant les saluts et en se faisant sortir de scène suspendue à ses petits camarades de jeu... Bref, un joli numéro de princesse destroy qui donne fortement envie de la prendre sauvagement et de lui mettre des claques – de préférence les deux en même temps. It's only rock'n'roll...

Le show se joue à l'énergie, une heure dix efficaces sans transcendance, avant subitement, un moment de grâce pure en guise de final: Lawrence est passé aux fûts, qui ne sont visiblement pas son instrument de prédilection, et se contente donc d'un frappé sec sur les temps forts assorti de quelques contre-temps, White a chaussé sa Billy Bo et Fertita est passé à l'orgue, pour un 'Will There Be Enough Water?" (une compo White/Fertita) tout en intensité retenue, histoire de rappeler que le père Jack White reste l'un des tous meilleurs guitaristes en activité, certes pas un branleur de manche effréné mais doté d'un toucher et d'une musicalité rares. Le duo guitare/orgue s'enchaîne sur un duo de voix avec A. Mosshart, front contre front sur le même micro, leurs bouches se frôlant pour un moment d'une intensité toute sexuelle. Les 3 rappels qui suivent, d'orientation plus technoïde et synthétique, sont efficaces en matière de chauffage à blanc de salle avant de lâcher les fauves dans la nature, mais en vieux con assumé je regrette de n'être pas resté sur ce moment absolument sublime, qui transforme un bon vieux concert de rock'n'roll un peu clicheton mais bien sympa en quelque chose qu'on se rappellera longtemps, les jours de gros temps.

Finalement, c'est peut-être ça, un super-groupe: 90% pour se faire plaisir à faire du bruit entre potes, et 10% pour hausser le niveau de jeu, histoire de marquer son territoire et distancer la concurrence. Et, ma foi, ça marche, alors pourquoi se priver...



3 Commentaires

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#3
05/07/2010 01:32:46
suite -_- j'ai la gachette facile ^^ Je disais donc mis a part cet imprévu de taille, concert au top, bien pro, et pour 60 euros, je le referais rien que pour croiser a nouveau le regard de Mosshart... :'(
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#2
05/07/2010 01:27:39
Je les ai vus hier soir a Montreux... Une gifle!! A part le SVT VR de notre ami Jack Lawrence qui lâche au bout de la... 2ème chanson (made in thaïl
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#1
01/03/2010 13:39:35
Ayant assisté à leur concert à l'Olympia, je n'aurai pas dit mieux. J'ai ausi découvert les chansons en live et je n'ai pas été conquis de maniere absolue. Reste un grouoe sérieux, une bonne prestation et un jack white qui plane au dessus du reste de la planète le temps de quelques riffs et cris.
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