Appel Gabriel a (re)quitté le groupe il y'a plusieurs années déja, et il ne reste plus que Wiss et Skely, et ils tournent toujours avec leur backband: "les roots radics" et leur super bassiste Flabba Holt
FLABBA HOLT
Flabba Holt, heureux de vous rencontrer
Yeah, Nuff respect man, à Paris, en France…
Pouvez vous vous présenter rapidement ?
Je suis Errol "Flabba Holt" Carter, né à Kingston en Jamaïque le 19 juillet 1950…et toujours en pleine forme ! (rires)
Votre vrai nom est Errol Carter, d’où vient votre surnom Flabba ?
Oui oui, mon vrai nom est Errol Carter…mon surnom m’a été donné par mon frère il y a bien longtemps quand j’étais petit. Il faisait des grosses galettes de pâte et il me disait :
"Si tu ne les mange pas toutes, tu vas te faire battre, et si tu ne les mange pas toutes tu vas te faire battre !" Moi je me disais : "Si je ne les mange pas je vais me faire battre, et donc j’ai intérêt de les manger, et en plus elles vont me faire devenir gros comme un gros chat !"…et j’avis un brethren (frère) qui s’appelait Johnny Wimper et qui faisait des énormes galettes, et un jour j’en ai mangé avec lui et il a dit : "Regardez comme le gars ingurgite les galettes mon !" (" look how the man a flabba them dupplin’ them ! "
, et depuis ce jour c’est resté, Flabba. Tu sais en Jamaïque souvent quand tu es jeune, on te donnes un surnom et tu le gardes pour toujours.
Et Holt ?
Quand j’ai commencé à chanter, les gens disaient :
" Man tu sonnes comme John Holt ! ", alors j’ai dit OK pour la combinaison Flabba Holt. C’est depuis que je chante ; il chante : " My eyes told me that my heart is in danger... ", c’est mon premier morceau. J’ai dépensé mon argent pour payer le studio Randy’s et enregistrer la chanson.
Vous avez commencé la basse avant de chanter ?
Oui oui, j’ai commencé la basse à 21 ans. Avant je jouais de la guitare, et un jour nous étions à Trenchtown an train de faire des recherches musicales avec des gars et ils m’ont dit :
" Prends la basse man " puis ils ont dit : " Man tu joues vraiment bien à la basse ! " et depuis je n’ai pas lâché la guitare basse ! Mais depuis tout petit je portais toujours plus d’attention à la basse. Dans le Ska avec des gars comme Ken Boothe, Jhonny Osbourne, Alton Ellis, Vin Gordon…Mais les gars qui m’ont vraiment appris beaucoup, pas particulièrement la basse mais l’approche globale du studio, sont Theophilus " Easy Snappin " Beckford et Gladson Anderson. Je doit beaucoup à ces deux types. Il m’ont appris la musique, le chant, comment marche un studio, le son. J’ai appris tout ça ! Parce qu’il y avait beaucoup d’autres bassistes, comme Robbie Shakespeare par exemple qui était dans la compétition avec moi. Mais j’aime pas l’esprit de compétition…
Vous aviez un bassiste favori ?
Pour dire vrai, je n’ai jamais vraiment eu de modèle…j’en ai écouté beaucoup, notamment dans le Ska, des gars comme Lloyd Brevett, tous les bassistes de Prince Buster. Je n’ai jamais essayé d’en copier un ou d’en suivre un, parce qui si tu suis, tu ne trouves jamais to son, et moi je voulais mon son, mon propre style. Je joue le style Flabba ! Avant que je ne forme les Roots Radics avec Bingy Bunny, Fish Clarke (le frère de Johnny Clarke), le groupe s’appelait Roots Rock Band. Le nom a changé…une fois on étaient en studio et un gars jouait de la batterie et j’ai dit :
" Wha ! Quel son il a, il nous le faut ". C’était Style Scott. On l’a emmené avec nous et on l’a formé. C’est à ce moment que le groupe a prit le nom de Roots Radics. C’était vers 1972 ou 73. Le groupe a mis du temps à devenir populaire.
Vous avez joué sur de nombreux Barrington Levy…
Oui, sur tous. Et je n’ai jamais vu la couleur de l’argent…Tu touches à la session, mais après d’autres ont le copyright. Je vais d’ailleurs voir si je ne peux pas obtenir quelques repentantes.
Parlez nous de la connexion Henry " Junjo " Lawes/Radics…
Toutes les années où j’ai travaillé pour Junjo, j’étais le cerveau. Beaucoup de versions…souvent Junjo n’était pas là, il cherchait des artistes. Nous on étaient tout le temps an studio en train de faire des versions, des instrus. Moi, Bingy, et Steelie, on faisaient beaucoup.
Vous faisiez toutes les versions ?
Presque toujours ! Par exemple quand Barrington Levy venait en studio, il chantait ses airs et nous on sortaient les versions. A vrai dire, j’adore trouver des lignes de basses. Le chanteur sort sa mélodie, et je trouve la basse qui va avec. Chaque fois que je suis en studio, je fais du travail sérieux. Comme avec
Gregory Isaacs, mon artiste majeur. Si tu ne fais pas attention…il y a des gars dans le business, si tu vas en studio avec eux, ils ne te sortiront pas quelque chose de sérieux mais des babioles de lignes de basses. Je fais toujours du mieux que je peux. Actuellement je joue beaucoup avec Berres Hammond, mais les gens ne le savent pas. Par exemple le morceau
" They’re Gonna Talk " qui vient de sortir, c’est moi qui l’ai fait. On en a 34.
Par exemple " Black Roses " ?
Yeah man, Barrington Levy. Il chante :
" Black Rose in my garden… ". C’est comme ça, un ligne de basse de plus. Je vais te dire comment viennent les lignes de basse : Le plus souvent je suis en studio, et les chanteurs viennent. Alors Barrington est venu avec sa guitare et a chanté son morceau. Et c’est à ce moment que tu sens la basse qu’il faut, ça sort tout seul. C’est marrant la musique, ça vient comme ça sans trop chercher. C’est comme pour Michael Prophet, le morceau "Gunman ", il est venu et a chanté : " Whooo Yeaaah I wake up in the morning what do i see Gunman... " et moi je lui ai dit : " (il chante la ligne de basse) ", ou comme pour les Wailing Souls, ils sont venus me voir et ont chanté : " Some call it Waterhouse, Firehouse ", et je leur ai dit : " (il chante la ligne de basse "
.
Mais tu sais le business a changé…il y a trop d’ordinateurs. C’est normal que les choses changent, mais en Jamaïque il y a vraiment trop de (il frappe sur la table un rythme Dancehall), il y a beaucoup trop de ça. Je peux jouer de ça aussi, tout le monde le peut. Ca m’arrive même de programmer des versions quand je fais des recherches, mais j’ai trop entendu ça. Depuis des années, il n’y a que du Poum Poum, Poum Poum. N’importe qui peut programmer une boîte à rythmes ! Ce n’est pas de la musique. Peut-être des gens aiment ça en Europe aussi, peut-être d’autres non. C’est comme ça la musique, ça dépend des goûts. C’est comme si je vais dans la rue, il y a plein de magasins. C’est à moi de choisir dans lequel je vais. J’ai senti une bonne Eau de Cologne dans une boutique, mais dans une autre je pourrais en trouver une plus terrible. C’est pareil pour la musique.
Tu vois, en Jamaïque maintenant…en fait avant les disques se vendaient à 30 000 exemplaires – en Jamaïque seulement - et il y avait moins de jamaïcains qu’aujourd’hui, moins de sound-systems…maintenant tout est plus avancé, il y a plus d’équipements, et les disques ne se vendent plus ! Avant le moindre titre qui marchait bien se vendait à 30 000 exemplaires et aujourd’hui avec des ventes de 3 000 ex., les morceaux sont numéro 1 dans les charts. Ca n’a pas de sens ! Maintenant il y a plus de sound-systems, et les gars jouent encore plus de Dancehall, mais quand j’écoute ça – il y a de bons titres parfois – mais c’est…pfffh ! En Jamaïque, tous les vendredi et samedi soir, tu n’entends que du Poum Poum, Poum Poum ! Ils arrivent toujours à tes oreilles !
C’est seulement le dimanche soir sur Irie FM que tu peux entendre des vieux morceaux. Je me dis souvent :
" Ken Boothe est encore en vie, Alton Ellis aussi, Leroy Heptones Sibbles. Pourquoi ces chanteurs sont-ils devenus des artistes "vieux crus", qui ne font que reprendre leurs anciens titres, pourquoi se classent-ils chez les anciens alors qu’ils sont encore jeunes ? Et pourquoi leurs chansons d'aujourd’hui ne sonnent-elles pas comme dans les années 70 ? ". On dirait qu’un élément s’est envolé ! Tu comprends ?
Je me pose souvent la même question…
Très bien, très bien. Quand tu es dans la musique, tu as des choses en toi, des choses qu’il te faut connaître…A chaque fois que je vois Alton Ellis, je lui dit :
"Alton, qu’est-ce qui s’est passé ? " Il a un belle voix, c’est un excellent chanteur, je lui dit : " Tu as une voix, alors pourquoi tu ne t’assoies pas pour écrire de bonnes chansons ? ", c’est comme Gregory (Isaacs), tous les jours je lui dit : " Gregory, faisons un nouvel album, Live again (Ndlt : Dans le double sens avec de vrais instruments, et on est toujours là), un meilleur encore que Night Nurse. " Mais il y a beaucoup de gens qui disent oui et qui ne font jamais rien ! J’aide aussi Israel Vibration, ça fait très longtemps que je leur donne des bonnes lignes de basse. Je donnes toujours le meilleur. Je ne peux pas chanter et jouer de la basse en même temps. Je veux juste trouver des gars qui sachent bien chanter et leur trouver de bonnes lignes de basses, leur faire écrire des bonnes paroles, c’est tout.
Comment est venu le nom de Roots Radics ?
C’est venu comme ça, un jour j’ai voulu un nouveau nom et j’ai dit :
" Bway, je veux changer le nom du groupe Roots Rock Band " et le nom m’est venu. Radics commeradical. C’est le style ! Quand je suis parti à Nassau pour mixer " Night Nurse " et enregistrer les voix, j’ai vu dans un coin du studio un vieux micro Rock’n’Roll, un gros micro grillagé. On avait enregistré les versions à Tuff Gong avant de partir, et Don Taylor nous avait dit : " Flabba bway et Gregory, vous devez partir à Kompass Studio pour enregistrer la voix et mixer ", et j'ai dit :
" Ok, pas de problèmes " C'est quand on s’est retrouvés là-bas que j’ai flashé sur le micro ancien. J’ai dit :
" Gregory tu vas chanter avec ça man ! " Il ne voulait pas au début, mais j’ai un peu trafiqué le micro, et wha, le son qu’il sortait ! C’est pour ça que la voix d’Isaacs est si cristalline. Puis Gregory est tout de suite rentré en Jamaïque. Je devais faire tous les overdubs de percussions et de claviers mais je ne savais que faire, l’album était vide ! Et quand Wally Badaru est venu je ne savais que faire, je ne savais pas me servir de son matériel. En plus, ils m’ont donné le studio B, le plus mauvais. La classe B en Jamaïque c’est la classe des Parrains ! Dans le studio A il y avait : " (Il chante) Chill out Chill out, New York… " Black Uhuru avec Grace Jones et Stevie Wonder. J’avais le pire studio mais je me suis dit : " Les bonnes chose viennent dans les pires situations ! " ! Je traînais parce que je n’avais pas d’idées pour les arrangements. Puis un gars m’a dit qu’il fallait que les arrangements se fassent le samedi. Et c’est seulement le samedi que les idées me sont venues ! (Il chante le clavier du morceau Night Nurse). J’ai fait tous les overdubs. Et le dimanche, j’ai mixé les 8 titres. Quand Chris Blackwell et Don Taylor m’ont appelé, ils n’y croyait pas. Je leur ai dit : " C’est fait ", et ils ont dit : " C’est pas possible que tu l’ai fait seul ! ". Ils étaient sciés. En UN JOUR j’ai fait le mixe en tant qu’ingénieur du son ! C’est le style Radics !
Le son Radics ?
La basse avec laquelle je joue man, la Fender Jazz, c’est le son Radics ! Un vieux gros son ! J’ai toujours cette guitare basse à la maison. Je vais te dire un secret : tu vois les cordes qui ont joué sur Night Nurse et sur tous ces albums, je ne les ai jamais changé...depuis vingt ans ! Elles sont toujours sur la basse.
Elles n’ont jamais pété ?
Jamais man ! Elles sont toujours là ! Je ne l’utilise qu’en studio. Je ne l’emmène pas en tournée parce qu’elle me fait mal au cou. Une fois je tournais avec les Itals et je jouais avec ma Stan Burger (Hoffner) qu’un ami m’avait rapporté d’Amérique…j’étais sur scène en train de jouer et un type à crié :
" FLABBER, pourquoi as-tu lâché la Fender pour la Stan Burger ? " Man j’étais surpris ! Et je me suis dit : " Ca veut dire qu’il y a des gens qui suivent ton son ! " Les gens savent beaucoup de choses. C’est comme Paul McCartney qui a repris sa Hoffner parce que c’est le son Beattle. J’en ai une excellente. Sur tous ces disques (il montre le tas de disques à côté de lui), la basse est ma Fender Jazz…
Si on prend par exemple le LP de " Scientist Wins The World Cup "…
Oui…
Il y a un Dub d’un morceau de Johnny Osbourne, " Universal Love "…
Yeah…
La basse fait des bulles, elle est pleine d’effets…
Oui oui, je vais te dire : ça c’est Scientist. Il était hyper créatif, man Rough ! Il prenait la basse et la retournait dans tous les sens. Il adorait faire des expériences sonores. Quand on étaient à Channel One et qu’il mixait des basses, les gens avaient peur tellement le son était lourd et barré. Il la transforme dans tous les sens (il fait les bruits de basses folles)…
Chaque fois que Scientist mixait, vous étiez avec lui ?
Yeah man et laisse moi te dire : je faisais attention au son de la basse dubbée, parce que Scientist était créatif mais il était aussi jeune "dans le business". Dans le Reggae tu dois être créatif. Le son ne peut pas aller dans un seul sens. Aujourd’hui, les gars ne sont plus créatifs ! C’est du Poum Poum, Poum Poum partout. Il n’y a qu’un son ! Et ils pensent que ça tue !…Tout le monde peut faire ça. Je vais te dire un truc : les musiciens vont et viennent. Ceux des années Ska étaient créatifs, nous dans les années 70, Sly Dunbar, Robbie, Flabba, on étaient créatifs. On faisaient vraiment des lignes de basses, Ranchie aussi. Mais les jeunes maintenant ne créent rien, ils copient ! Pour moi…je ne sais pas…Ces gars là mash up la musique ! BAD bad bad bad bad bad bad…
C’est ce que les anciens disent souvent…
Yeah, je ne comprends pas boss ! Les anciens…tu ne trouveras pas de chanteurs en Jamaïque aujourd’hui, seulement des DJ ! Tous les Beenie Man, Bounty Killer, Capleton, et tous les autres…pour chanter, tu dois savoir et pour savoir tu dois apprendre à chanter sur les bonnes clefs. Et la plupart de ces DJ, s’ils chantent, c’est mauvais. La plupart ! Je ne dis pas tous mais la plupart ne savent pas, et pourtant ils vendent des disques. J’en connais mais je ne leur donne pas de coups de mains parce que j’ai déjà écouté et je sais que ça n’est pas bon, des idioties…"A joke business this brethren !" Tous les morceaux au top sont des DJ. Tu en entends un sur une version, et ils en collent 10 autres, mais c’est pareil !
Et votre album chanté " Visions Of Africa " ?
Je ne l’ai même pas dans ma collection ! Ca a été enregistré dans les années 80, vers 84-85. J’étais en Angleterre et des gars ont voulu que je chante pour eux sur des versions anciennes qu’ils avaient. Les gens aiment ma voix, ils disent qu’elle défonce les versions ! Alors j’avais écrit des textes. Ils se sont faits pas mal d’argent avec ça. Ca fait longtemps que je n’ai pas entendu ces versions.
Et Junjo que nous ne connaissons pas trop…
Junjo était un gars qui faisait beaucoup d’efforts dans la vie. Il était béni de Dieu mais ils l’ont fait partir…J’étais à Londres un jour et j’ai vu sa petite amie. Je lui ai demandé où était Junjo et elle m’a dit qu’il venait de prendre l’avion et qu’il reviendrait dans une semaine. Il avait à faire là-bas. Et quand j’ai entendu qu’il s’était fait descendre, je ne pouvais pas le croire, boss ! Je suis encore choqué. Il était productif, il avait de bonnes idées pour le business, comme le " Diseases "de
Michigan And Smiley, le " Wa Do Dem "de Eek-A-Mouse, Linval Thompson " Baby Father », plein d’autres…Johnny Osbourne…il avait plein d’idées, mais il s’est fait gâcher. Des gens se font emporter pour certaines petites choses, tu sais…Mais c’était un bon producteur, les gens avaient peur de lui, ils avaient peur de ses productions…le nom "Junjo Lawes", ça en dit long…
C’était plus un producteur financier ou un producteur musicien ?
Ce n’était pas vraiment un producteur financier, c’était un bon producteur, il avait Greensleeves et tout ça…Je ne sais pas s’il a changé ensuite, mais à mes yeux il reste un très bon producteur.
Le Rub-A-Dub…Coxsone, Roots Radics…
En fait des gars comme Coxsone avait leur propre son. J’ai écouté ce son, puis j’ai dit :
" Coxsone a ses Dubs qui sonnent vraiment d’une façon particulière et solide, alors je dois trouver une basse plus lourde ! " Parce que j’essaies toujours de créer. J’ai du trouver MON SON. A la vraie époque de Coxsone et Treasure Isle, il y avait les meilleurs musiciens. J’en connaissais certains mais pas tous. La plupart du temps je suis DOWNtown, j’essaies de créer des nouveaux sons…mais je n’entend que des Poum Poum dans mes oreilles. En Jamaïque tu ne peux pas créer quelque chose si ça ne passe pas à la radio. Alors tu vois c’est dur. Et ce son à l’ancienne ils ne veulent pas le jouer. Ils jouent le Poum Poum et pour longtemps encore on va entendre des Poum Poum. A chaque fois que j’entends ça, je sens que ça ne cesse de grandir.
Il va peut-être y avoir un vrai retour…
Eh bien boss ! Demande à Sly Dunbar, on parlait de ça récemment. Ils ne jouent pas certains types de riddims à la radio. Ils jouent Joggling (enchaînement de versions Dancehall, Boggle ou autres) ! Poum Poum, Poum Poum !
Peut-être pouvez vous jouer à l’ancienne pour le reste du monde…
Ouais, je regarde et…j’ai même fait des bonnes choses avec Buju Banton avant qu’il n’entre dans le Poum Poum. Je joue parfois pour des jeunes et ils aiment ça ! Il faut faire deux types de musiques : celle qu’ils aiment en Jamaïque et celle pour l’extérieur. Mais parmi les jeunes c’est difficile de trouver des chanteurs parce que chanter est dur, il faut apprendre. Comme c’est facile de DJ sur une batterie programmée, c’est ça qu’ils font. C’est difficile de chanter sur une ligne de basse mélodique ! L’autre jour quand on a joué à Caen, il y a un type qui a passé des disques avant, et il n’a joué que du DJ ! Pas un vieux disque ! J’ai dit : " Bway ! »
Certains aiment ça mais le meilleur reste le ol’school…
C’est pour cela que je dis qu’il faut faire deux types de musiques. Barrington Levy, ou Sugar Minott et d’autres chanteurs comme eux, ils chantent sur les versions actuelles. Et tu ne les entendras plus jamais sur des versions à l’ancienne.
Pourquoi ?
Barrington, quand il vient en Jamaïque, il essaye de me travailler pour obtenir des riddims à l’ancienne, mais ces versions sont devenus chères ! Pas comme au début ! Si un gars veut que Flabba joue pour lui, il doit lâcher beaucoup d’argent man ! Ca fait longtemps que je suis là, j’en ai aidé beaucoup ! Tu les propulses et ils ne se rappellent pas de toi…comme pour Gregory Isaacs, parfois je m’assois et je me dit :
" Whaa Bway ! " Il y a des chanteurs comme Wailing Souls qui, quand ils viennent en Jamaïque vont voir Sly Dunbar mais ne viennent pas voir Flabba ! Il y a encore des morceaux de moi qui sortent et tu ne vois pas mon nom dessus. Comme sur le " Kingston Karma "de Pierpoljak, cet album a été Platine et je n’ai rien reçu ! Ils oublient alors ces gars ne peuvent plus m’avoir sur leurs disques. J’ai fait trois albums Grammy pour Bunny Wailer, et rien ! Personne ne se rappelle de Flabba mais je suis là !
Récemment vous avez sorti un album des Radics pour Tabou 1, " Dub Fi Junjo "?
C’est pas moi. C’est Brother Lowan. Je ne sais pas où il a trouvé ces bandes mais il a chié ! Quand j’ai écouté cet album, je n’ai aimé ni le concept ni le son. Il a changé des choses sur les bandes et ça sonne pas Radics. Ce genre de chose est mauvais pour le business. Il faut donner du bon son ! Mais dans ce cas précis tu ne peux rien changer, parce que le mixe a été fait sur la bande. C’est fait c’est fait…
Merci Mister Flabba Holt
Thanks, Nuff Respect...