Intéressant topic! C'est vrai que c'est passionnant!
Pour ma part, je n'ai pas l'intention d'écrire un pavé sur ce qui est à faire ou à ne pas faire, je ne sais pas si quelqu'un pourrait revendiquer cette prétention d'ailleurs vu que le sujet est justement le libération de l'imagination créatrice.
Simplement, avec le recul de quelques années dans divers groupes dans lesquels j'ai plus ou moins participé aux compositions, voilà quelques trucs qui furent à l'origine de compos qui ont plu, non seulement au public mais aussi à nous (après des mois à répéter les mêmes morceaux chaque semaine, on voit celles dont on se lasse, et celles qui restent) :
- Partir d'un texte, pas nécessairement toujours avec le même nombre de pieds. Cela permettra, au début, d'avoir certains "accidents" ryhtmiques, qui pourront provoquer des idées qui agrémenteront la structure.
- Avoir une ligne mélodique forte. Une mélodie identifiable et dont on se souvient : un fois qu'on a trouvé les accords qui vont bien avec et qu'on a un peu fait tourner le bidule, c'est amusant de constater comme on peut changer les accords, l'harmonie derrière, l'ambiance derrière cette mélodie change. Cela peut amener plein de développements à partir d'une simple suite d'accords.
- Après une première suite de 4 accords trouvée, prendre un accord qui n'a strictement rien à voir, dans une autre tonalité, et chercher une progression d'accords qui permet d'aller des 4 premiers à cet accord. Pas toujours facile et demande un peu de travail, mais souvent cela ouvre de nouvelles perspectives.
- Travailler à partir d'un riff de batterie identifiable (genre avec des toms, floor toms etc..). La batterie devient un élément mélodique à part entière, ce qui diminue la "pression" sur les autres instruments.
- Faites jouer, au contraire, un truc hyper simpliste à votre batteur sur toute la chanson (genre poum-tchac, il va râler mais tant pis!) et jouez des trucs harmoniquement bizarres mais en vous concentrant uniquement sur le rythme.
- Utilisez le sustain des instruments : une guitare joue une note longtemps, au 2 temps la 2 gratte joue une autre note aussi sustainée qui fait un accord avec la 1e, au 3e temps la basse complète l'accord avec une autre note, au 4e un dernier instru (sax/clavier/voix/chien..) prend le relais, tout ça se réverbère mais au 1er temps de la mesure suivante la 1e guitare joue une autre note sur l'accord ainsi créé, au second temps la 2e guitare fait de même etc... ça crée une sorte de paysage sonore sans cesse en mouvement au lieu de changer d'accord "bêtement" toutes les mesures. Evidemment très casse-gueule mais rien n'oblige à changer tout le temps.
- Sur une suite de 4 accords où la basse joue la fondamentale, faire ensuite jouer par la basse d'autres notes (tierces, descentes chromatiques, etc) sur les mêmes accords, alterner les suites d'accords, etc... à faire si la basse joue des patterns ryhtmiques simples (oui, oui, "boum-boum-boum-boum", faut pas en avoir honte!), sinon ça devient casse-gueule.
- Ne pas toujours faire jouer tous les instruments tout le temps. Et les parties les plus "dénudées" ne sont pas réservées aux intros ou outros.
- Changer le motif rythmique au sein même d'une mesure
- Ne pas se contenter des 4 accords. Des suites mélodiques peuvent tourner sur 4x4 accords par exemple, et dans ces séries parfois seuls 1 ou 2 accords changent, mais au bon moment pour créer une tension.
- dès qu'un processus de compo marche, foutez-le à la poubelle et essayez-en un autre
.
- Ne pas avoir peur de faire du rock sur 3 accords, ou même sur 1 s'il le faut, car le but du jeu ça reste de prendre son pied. Ne JAMAIS l'oublier
.
Il y a des groupes dont les chansons, derrière leur simplicité apparente, cachent des merveilles d'arrangement. Les Pixies par exemple, ont très souvent plein d'idées concentrées en 2 minutes à peine. Une de leurs trouvailles par exemple, quand on écoute leurs suites d'accords, c'est de ne pas toujours utiliser des suites de 4 accords, mais parfois 3+3+2, le résultat est étonnant harmoniquement et ça n'empêche pas de pogoter dessus.
Un tout autre exemple qui me vient à l'esprit, c'est la chanson "la nuit je mens" du regretté Bashung. Toute la chanson (couplet/refrain) tient avec ces 4 accords : Bm, Em, G, A (avec qqes variantes en sus2 etc..) quand tout à coup, pendant le 2e couplet, un F#m pointe sa fraise, une seule fois mais cela suffit à créer une tension qui relance discrètement toute la chanson.
Je pense qu'il vaut mieux créer des altérations discrètes ou par petites touches que des gros bouleversements comme des changements brusques de rythme, tempo, style, etc.. (sauf si vous voulez faire du Dream Theater ou apparenté bien sûr
), cela emmènera plus "sournoisement" (
) l'auditeur sur les chemins que vous tracez.