A 75 ans, et près de 35 ans après la création de Weather Report, le claviériste le plus respecté du monde musical continue de nous gratifier de concerts détonnants, alors comment rater ce spectacle lorsque ce Monsieur prend la peine de se déplacer jusque dans ma ville? Impossible tout simplement.
Le Syndicate est donc programmé pour 23h, et, chose intriguante, lors de la soirée "Reggae Night Party" du festival de jazz. Arrivé vers 18h c'est donc logiquement un groupe de reggae plutôt "moderne" qui ouvre le bal, autant vous le dire tout de suite, je ne raffole pas de ce style de musique, moi qui apprécie pourtant la plupart du temps les références un peu "old school" que nous balance Poup. Bref, c'est la mort dans l'âme que je me résigne à entendre ça pendant 5 heures. Heureusement, en parcourant les différentes scènes, un bonne suprise vient égayer la soirée, un groupe de papys rastafari, je dirais 75 ans de moyenne d'âge, principalement percussionistes (6 ou 7), un trombone, un saxo qui joue aussi de la flûte traversière, et un guitariste/bassiste un peu plus jeune. De la musique assez traditionelle donc, plutôt agréable, avec quelques titres rasta très connus comme "Rivers of Babylon" - non, ce n'est pas une chanson de Boney M.
Après ça, je vois sur la prog le groupe Groundation, le nom me dit quelquechose, et vu la foule devant la scène ils doivent être connus. Je ne suis pas resté longtemps, pas aimé du tout, et le son était beaucoup trop fort. Heureusement il est déjà 22h30, je me dirige donc vers la scène où va jouer le Syndicate (je zappe le passage avec le franky vincent jamaïcain que j'ai envie d'étripper).
23h et des poussières, le groupe arrive sur scène, et quel groupe :
Claviers: Joe Zawinul (Autriche)
Batterie: Paco Sery (Côte d'Ivoire)
Percus: Jorge Bezzera (Bresil)
Basse: Linley Marthe (Île Maurice)
Guitare: Alegre Corréa (Bresil)
Percu/Voix: Aziz Sahmaoui (Maroc)
Chant: Sabine Kabongo (Congo Belge)
Et c'est parti pour 2 heures de concert, Zawinul ne joue pas énormément et prend plutôt le rôle de chef d'orchestre alors que s'enchaînent les perfomances des musiciens, quasiment tous multi-instrumentistes, on assiste par exemple à un interlude du guitariste qui chante aussi, en portugais, rejoint peu après par le percussioniste brésilien qui nous fait presque un numéro de cirque avec son tambourin aux couleurs de son pays. Linley Marthe est très bon, rapide, presque trop, il met le feu avec l'aide du petit batteur qu'on a du mal à voir derrière ses fûts. Parlons-en de ce batteur, sûrement celui qui m'a le plus mis sur le cul (et pourtant les autres c'est pas des rigolos), un volume de jeu extraordinaire je sais pas comment il a fait pour tenir 2 heures à ce rythme. Il emmène la section rythmique dans des grooves de folie et se permet même un petit duo avec Zawinul, avec un petit instrument appelé Sanza (enfin je crois), joué aux pouces, dont la sonorité me rappelle que j'ai rendez-vous Lundi avec Toumani Diabaté.
Je ne m'attendais pas à une telle claque car je n'ai jamais vraiment accroché aux albums studio de Zawinul avec ou sans le Syndicate, mais il faut le dire, ce genre de musique s'écoute et s'apprécie en live. S'ils passent près de chez vous, ne ratez pas l'occasion!