Review de ma Vigier Arpège

En rebossant sur ma basse, je me rend compte que si tout le monde doit la connaitre, depuis le temps que je la traine et que j'en parle, en revanche je n'ai pas encore fait de review dans les règles de l'art. Voici donc la présentation de ma basse, celle qui m'a rendu fidèle. Je ne me vois pas m'en séparer, jamais.



C'est donc une Vigier, modèle Arpège. Elle est datée du 11 octobre 1984, soit exactement 6 mois et un jour de moins que moi. J'en connais qui cherchent des basses de leur année de naissance (souvent des Jazzbass ou des Précision des 60's ou 70's), moi ca sera jamais pas la peine, j'en ai déjà une :)

Il s'agit de la n° 228 de la première grande série de l'Arpège.

Caractéristiques techniques

Bois : Manche traversant 3 plis, érable/noyer/érable. Ailes en noyer, pas de table. Placage de la tête en noyer. Le corps fait 3.6cm d'épaisseur et est largement chanfreiné.
Touche : bois compressé dans de la résine phénolique (communément appellé Phenowood), 4mm d'épaisseur. Sous-touche en "métal delta", 1mm d'épaisseur. Sillet plastique, frette zéro, 21 cases. Pas de repères sur le devant de la touche, il y a par contre les classiques petits repères ronds sur la tranche.
Micros : Deux Benedetti, dont j'ignore les références. Sur ma basse, l'un est d'origine (chevalet), l'autre a été changé par le même modèle, mais plus récent.
Préampli : Préampli 18v, avec EQ une bande paramétrique (gain-fréquence). Le gain est réglable en positif et négatif, la fréquence se règle de très grave à très aigu. La bande est assez large (Q faible), ce qui rend cet EQ assez "doux", rarement agressif, jamais caricatural. Le bouton de volume est un push-pull enclenchant un gros boost de volume.
Reste de l'électronique : J'ai modifié l'électronique autour de ce préampli. Avant, les caractéristiques étaient les suivantes : sélecteur 3 positions, tonalité passive, switch hors-phase, volume post-EQ, sortie jack principale sur la tranche, et jack sur la table permettant à la fois une sortie en passif (sans réglage de volume mais avec la tonalité) et une recharge des accus avec un adaptateur secteur fourni par Vigier. Je n'ai jamais vu cet adaptateur. Les caractéristiques actuelles sont les suivantes : sélecteur 3 position, volume pré-EQ, tonalité passive, switch série, switch actif/passif (qui coupe la pile, l'économisant lorsqu'on joue en passif). Le passage du volume en pré-EQ, de facon à pouvoir s'en servir en passif, a nécessité le changement du potentiomètre par un 500k (celui d'origine, post-EQ, est un 10k).
Acastillage : Mécaniques Schaller (Made in germany), chevalet Vigier, fixation des cordes à travers le corps. Straplocks Schaller.
Ecartement des cordes : 17 à 18 mm au chevalet, 10 à 11 mm au sillet.

La seconde série des Arpèges comporte un manche traversant en carbonne, la troisième série (actuelle) comporte un manche en bois avec renforts en carbonne (système "90/10"). Dans la mienne, pas de carbonne, juste du composite pour la touche.

Prise en main et confort

Elle est très bien équilibrée. Assis, la basse sur la cuisse, elle ne bouge pas, et ce sans la tenir avec autre chose que la poitrine. Du coup, les bras et les mains tombent sur les cordes très naturellement, sans avoir à la soutenir.

Le manche conserve une même épaisseur sur toute sa longueur. De même, les arrondis restent sensiblement les mêmes, pour celui du bas ca joue donc sur une prise en main semblable à peu près quelque soit l'endroit où on joue. On accède à la dernière case sans le moindre problème. La couche de vernis, très épaisse, recouvre la totalité du bois, donc notamment le dos du manche. Du coup ca glisse tout seul. C'est un manche du genre communément appellé "autoroute"

La touche est très dure, très lisse, avec un coté "froid", dans un sens. C'est vraiment pas organique, au sens propre, pas au sens sonore. Dur comme du carrelage, elle n'est pas rayable à l'ongle, il suffit d'un coup de chiffon pour la remettre à neuf.

Il parait qu'elle est lourde. Je ne sais pas, moi j'en ai tellement l'habitude...

Son

Il est toujours dur de parler de son. Cependant, je pense pouvoir affirmer quelques grandes caractéristiques assez précises.

Il s'agit d'une basse "neutre", dans le sens où je n'ai jamais repéré de fréquences particulièrement mises en valeur, ou au contraire particulièrement coupées. Elle a une dynamique élevée, c'est-à-dire qu'on peut lui faire sortir des sons très faibles ou très fort, juste en changeant l'attaque aux doigts. Elle répond quand on la caresse, et elle continue à répondre quand on lui rentre dedans très fort. Tout ceci va de paire avec deux caractéristiques fondamentales de cette basse :

D'abord, elle est "polyvalente", dans le sens sonore du terme. Comme elle ne manque de rien, si on souhaite booster certaines fréquences, elles sont là, et ca se passe donc bien. A l'inverse, si on veut en retirer, comme il n'y a pas de grosses bosses dans les fréquences ca pose rarement de problèmes. En ajoutant à celà le préampli, qui permet d'abaisser fortement l'impédance de sortie et de booster ce qu'il faut quand il faut, on a une basse qui passe bien sur une grande variété de matériel. Je l'ai branchée dans toute sorte de choses, des amplis basse variés, des tables de mixage de toute sorte, des amplis HiFi, des amplis claviers/chant, j'ai rarement eu de mal à trouver un son qui aille pour le groupe. En enregistrement, elle se pose assez naturellement. En bref : quelque soit la situation, même la plus pourrie, elle assure le boulot. C'est un confort certain, je sais que je peux toujours compter sur elle, quelque soit la situation. Ma basse, un jack, basta : je me branche dans ce qui passe, et hop !

Ensuite, cette polyvalance se traduit par une caractéristique forte : elle ne sonne pas toute seule. Je veux dire par là : vous prenez une Musicman, ou pire une Ibanez ATK, vous pouvez débrancher le cerveau, il suffit de taper les cordes, ca sonne tout seul. Mais ceci se paye à un prix : ce son, qui sort tout seul, est forcément unique ! Réciproquement, sur une basse comme cette Vigier, on peut accèder à plein de sons, mais il faut les faire sortir par la force, ils ne sortent pas tout seuls. C'est entre autre pour ca que je trouvais dans mon ATK un complément parfait : d'un coté cette Vigier qui me donne toute la polyvalence que je souhaite, de l'autre une basse pour quand j'ai la flemme et que je veux juste avoiner du gros rock sans me prendre la tête, et sans efforts.

Ceci conduit pas mal de gens à considérer cette basse comme "froide", voire "fade". Je pense que c'est mal la connaitre, mal la comprendre.

Etat

Cette basse a bientôt 23 ans, et elle fait son âge. Elle a été jouée, beaucoup jouée, vu l'état des frettes et du vernis. Ce dernier est constellé de pocs et de rayures. Notamment, l'arrière est plein de traces de ceintures.

Il y a quelques traces qui dépassent le vernis. Sur la tranche du placage de tête, a coté du sillet. Et surtout, elle a été un jour secouée trop près d'un mur, une corne de la tête a été cassée. Ceci a été réparé, proprement, de face ca ne se voit pas. De dos on voit bien le collage.

Cela dit, elle est en parfait état de fonctionnement. L'age n'a affecté que le look. Les quelques traces de fatigue fonctionnelles (frettes, mécaniques, chevalet) sont minimes, et vont être réparées de toute facon dans pas longtemps.

C'est donc une basse qui a une vie, une histoire. On sent, quand on la voit, la manipule, qu'elle a quelque chose. Elle laisse rarement indifférent.

Futures modifications

Elle va bientôt passer dans des mains expertes pour une remise en état globale :
=> Refrettage, parce que les frettes sont complêtement mortes.
=> Changement du sillet, il est actuellement cassé et recollé à la cyano.
=> Installation d'un repose-pouce entre les deux micros.
=> Changement de la plaque de la défonce de l'électronique, l'actuelle est cassée.

Plus quelques détails que je ferais moi : changement des vis du chevalet (elles sont trop fatiguées), changement des mécaniques (un peu fatiguées) et des boutons de potard pour des modèles chromés.

Conclusion

La principale caractéristique de cette basse, c'est qu'elle ne m'a jamais trahi, et ne le fera sans doute jamais. Jamais je ne me suis retrouvé dans une mauvaise situation d'où elle n'a pu me tirer. C'est essentiellement pour cela que je ne la lacherais jamais. Quand je la trimballe, je suis confiant, sûr de moi, parce qu'elle est là, et que je sais qu'elle fera le boulot.

A coté de ca, il s'agit d'un modèle relativement rare (on en voit pas beaucoup passer des comme ca, et encore nous on est en France, j'imagine au niveau mondial...), de mon année de naissance, et avec laquelle j'ai déjà vécu de très belles choses. Les modifs et réparation déjà réalisées, ainsi que celles à venir, ont un seul but : la rendre plus adaptée à mes besoins, et la préparer pour affronter avec moi quelques dizaines d'années.

En complément de cette basse, il est agréable d'avoir une basse très typée. Le passage de l'une à l'autre permet alors de bien apprécier toutes ses qualités.

Je l'ai depuis Août 2005, pas encore tout à fait 2 ans, donc. J'ai pourtant l'impression que je l'aie depuis bien plus longtemps que ca. Cela dit c'est en partie sans doute dû au fait que depuis 2 ans, ma vie en général a changé énormément et très vite (passage d'étudiant feignasse à jeune actif).

Photos

Ces photos datent de quand je l'ai récupérée. Depuis, l'électronique a changé, le chevalet a été réglé et nettoyé.

=> http://basstyra.free.fr/matos/instruments/vigier/vigier.html